Soutien aux salarié·es de Heineken pour la sauvegarde de la brasserie de l’Espérance à Schiltigheim.

 

Motion déposée conjointement par les groupes « Eurométropole écologiste et citoyenne » et « Une Eurométropole des Proximités »
 

L’Alsace est une terre brassicole remarquable, s’appuyant sur une filière agricole forte et un savoir-faire inégalé qui contribue au rayonnement de notre territoire. Le Grand Est produit à lui seul plus de 50 % de la bière française. Schutzenberger, Perle, Météor, Kronenbourg, Mutzig, Fischer, Adelshoffen, Bendorf, et bien d’autres brasseries actuelles ou passées font et ont fait la renommée de l’Alsace en France et dans le monde. 

La brasserie de l’Espérance est l’une des plus anciennes en activité dans notre pays. Ouverte en 1862, elle a atteint grâce aux investissements successifs une capacité de production annuelle de 1,5 millions d’hectolitres. Elle est l’une des brasseries les plus emblématiques du groupe Heineken en France, un site patrimonial remarquable, un véritable fleuron de notre agglomération et en Alsace.

Cette brasserie était encore récemment qualifiée par la direction d’Heineken de « site stratégique », et faisait l’objet d’investissements conséquents, plus de 10 millions d’euros, pour de nouvelles lignes de production. Ce site dispose d’atouts et de compétences remarquables, d’un savoir-faire inégalé pour la poursuite d’une activité rentable. L’Eurométropole, comme la Ville de Schiltigheim, ont toujours été dans le dialogue et l’écoute vis-à-vis de la direction du site afin de prendre en compte ses demandes et ses attentes dans les projets et les politiques publiques mises en œuvre. Elles ont toujours été engagées en faveur du développement du site et d’une amélioration des capacités d’innovation et de production. Grâce au travail partenarial engagé avec les acteurs économiques et à l’accompagnement des entreprises, ce sont des collectivités engagées pour le développement d’une industrie tournée vers la transition écologique et énergétique, comme en témoignent les différentes études et classements qui positionnent l’Eurométropole dans le peloton de tête des métropoles en matière économique.

Ainsi, la décision brutale de fermer ce site dans les 3 ans à venir, annoncée par le groupe Heineken sans concertation préalable des élus locaux, n’est pas acceptable.
Elle démontre les dérives d’un management qui se désintéresse des enjeux territoriaux.

Cette annonce intervient alors que le groupe Heineken affiche une très bonne santé économique. Basés sur un chiffre d’affaires de 6,7 milliards d’euros au premier semestre 2022, ses revenus nets sont en hausse de 632,5 millions d’euros et les dividendes de ses actionnaires ont augmenté de près de 49%.

En même temps, 220 salarié·es au savoir-faire brassicole reconnu sont aujourd’hui dans la plus grande incertitude, sans compter les répercussions induites sur les emplois indirects. Cette décision porte gravement atteinte à l’identité brassicole qui a fait la fierté de la ville de Schiltigheim, aujourd’hui inquiète et en colère.
En l’espace de seulement 35 ans, le groupe Heineken, s’il maintient sa décision, aura mis à mort 4 sites industriels majeurs en Alsace – Fischer, Adelshoffen, Heineken et Mutzig – laissant ensuite à la collectivité la charge de gérer des sites devenus des friches industrielles. Cette multinationale ne peut s’exonérer de ses responsabilités sociales, économiques et environnementales. Nos territoires, de même que les salarié·es alsacien·nes, ne peuvent être réduits à des variables d’ajustement.

En conséquence, le Conseil de l’Eurométropole de Strasbourg :

– réaffirme son opposition totale à la fermeture de la brasserie de l’Espérance à Schiltigheim ; 

– appelle à la sauvegarde des marques historiques et du patrimoine brassicole remarquable ; 

– demande à la direction du groupe Heineken et à son actionnaire principale de revenir sur sa décision ; 

– témoigne de son soutien plein et entier aux salarié·es direct·es et indirect·es en Alsace ; 

– se tient aux côtés de l’entreprise Heineken pour examiner toutes les alternatives permettant de pérenniser le site, de sauvegarder l’outil de production, de préserver les savoir-faire et les emplois ; 

– demande au gouvernement et à l’Etat de se mobiliser aux côtés des collectivités pour préserver ces emplois en Alsace et ainsi soutenir le secteur brassicole alsacien ; 

– s’engage dans la création d’une Task Force rassemblant les collectivités compétentes (Région, Eurométropole, Ville de Schiltigheim), l’Etat et l’ADIRA afin d’organiser le dialogue avec le groupe Heineken sur l’avenir économique du site industriel et l’emploi des 220 salarié·es. 

– demande la création d’un label aoc « bière d’alsace » pour les bières.

 

Motion déposée conjointement par les groupes :

Eurométropole Écologiste et Citoyenne

Une Eurométropole des proximités

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Tribune élu·es
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