Selin Kandemir
mai 25, 2022
La pandémie du Covid-19 qui a traversé le monde, a révélé toute l’ampleur de la crise de l’hôpital public et du système de santé en France.
Pour faire face à l’urgence de la situation, le président Macron a affirmé une volonté de protéger le service public de santé, “quoi qu’il en coûte”, et le gouvernement a annoncé des mesures de soutien dans le cadre d’un Ségur de la santé.
Ces mesures sont loin de répondre aux attentes des personnels des secteurs médical, paramédical et social, qui depuis des années à Strasbourg comme dans tout le pays, expriment un fort malaise à travers de nombreux mouvements sociaux.
À Strasbourg, la pandémie se double d’un contexte budgétaire et financier extrêmement difficile pour les Hôpitaux Universitaires de Strasbourg, dont l’endettement était de 500 millions d’euros en 2020.
C’est dans ce contexte qu’a été signé le 18 mars 2022 « Un Contrat d’avenir » entre l’Agence régionale de santé et les Hôpitaux universitaires de Strasbourg.
Ce contrat d’avenir se veut être une opération de sauvetage à court terme. Mais cette aide de l’État n’est pas sans contrepartie : elle est conditionnée à des efforts supplémentaires de la part des HUS, s’inscrivant ainsi dans la logique actuelle de rentabilité des hôpitaux publics, avec pour conséquences l’augmentation des activités sans embauche de soignant·es, la poursuite des fermetures de lits dans certains services et la réduction du nombre de postes de personnels non-médicaux.
Dans le contexte d’épuisement des personnels soignants contraints à faire plus avec moins, et en l’absence de réponse pérenne aux enjeux des conditions de travail et de rémunération, ce contrat ne fera qu’accélérer l’hémorragie des personnels qualifiés, du public vers le privé, et la dégradation des conditions de soin pour les habitant·es de notre territoire.
Bien qu’une reprise de dette de 180 millions d’euros a été consentie par l’État, et que le contrat d’avenir prévoit une aide conséquente en trésorerie et en investissement, garantissant ainsi la survie à court terme de l’hôpital, les HUS se voient imposer la poursuite d’une logique de « l’hôpital entreprise » où le soin est considéré comme un produit marchand et où les personnels sont une dépense à réduire. Et pourtant, cet argent public pourrait permettre de changer de cap pour les HUS, comme pour l’ensemble des hôpitaux publics dans le pays.
Notre ville compte encore un nombre important de personnes qui renoncent aux soins. Elle continuera à agir pour que l’ensemble de ses habitant·es bénéficient d’un accès aux soins de qualité et de proximité notamment avec le déploiement ambitieux des maisons urbaines de santé dans chaque quartier. En conséquence, le Conseil municipal de Strasbourg :
– réaffirme son soutien à l’ensemble du personnel hospitalier ;
– appelle à une réforme globale de l’hôpital public, qui conforte le service public de santé pour toutes et tous, en garantissant l’ouverture de lits supplémentaires, l’augmentation de salaires des personnels hospitaliers et en mettant fin à la logique de l’hôpital entreprise ;
– s’engage à organiser un débat annuel sur la situation des HUS, les conditions de travail des personnels soignants et un bilan des fermetures de lits.
Motion déposée conjointement par les groupes :
Strasbourg Écologiste et Citoyenne
Pour la Justice Sociale et l’écologie Populaire